"Germinal" d'Emile Zola

"Germinal" d'Emile Zola

Citation favorite (1): Un raclement monta de sa gorge, il cracha noir.

"Est-ce que c'est du sang?" demanda Etienne, osant enfin le questionner. 

Lentement, Bonnemort s'essuyait la bouche dun revers de main. 

"C'est du charbon... J'en ai dans la carcasse de quoi me chauffer jusqu'à la fin de mes jours." (Les Editions Le Livre de Poche; Page 36)

Citation favorite (2): Le lapin n'avait pas été si gras ni si tendre. Aussi les dix paires de mâchoires, depuis la petite Estelle dont les dents commençaient à pousser, jusqu'au vieux Bonnemort en train de perdre les siennes, travaillaient d'un tel coeur, que les os eux-mêmes disparaissaient. C'était bon, la viande; mais ils la digéraient mal, ils en voyaient trop rarement. (Les Editins Le Livre de Poche; Page 186)

Germinal est le roman le plus connu de Zola. Un chef-d'oeuvre qui marque toujours.

Peut-on considérer Zola comme un auteur engagé après avoir découvert ce livre? Je pense que oui. L'auteur décrit avec minutie le quotidien des mineurs. Ces derniers sont des travailleurs touchés par une extrême pauvreté et dont le maigre salaire ne suffit pas des fois pour subvenir aux besoins primaires. Ereintés physiquement et mentalement, les mineurs décident alors de faire grève afin de demander leurs droits.

Les diverses descriptions, typiques du style zolien, permettent d'imaginer facilement la misère dans laquelle vivent les mineurs et elles permettent aussi de comprendre leur comportement et leur façon de penser. Malgré la présence d'un homme de religion, les travailleurs ne sont presque plus croyants et montrent des signes d'immoralité. En effet, religion, moeurs et confiance sont des termes qui ne leur sont plus familiers. L'important pour les mineurs est d'avoir de quoi manger. Que vénèrent donc ces travailleurs? Le pain et l'argent uniquement. Ils prennent des risques et accumulent des dettes pour avoir quelques provisions. La vie privée n'existe presque plus chez les mineurs. Tout le monde se connaît, s'écoute à travers les murs aussi fins que les corps frêles des ouvriers. Il n'y a plus d'intimité et les secrets ne sont donc plus gardés.

J'ai essayé de trouver une explication au titre du roman et j'ai alors relevé deux interprétations. Germinal peut renvoyer au jardin du vieux Maheu où ce dernier plante des graines et des aliments. La nourriture reste donc un thème très important. Le titre peut également symboliser l'éveil de l'ouvrier qui reconnaît ses droits. Telle une plante qui grandit, la conscience du mineur s'accroît et s'ouvre: "A présent,le mineur s'éveillait au fond, germait dans la terre ainsi qu'une vraie graine; et l'on verrait un matin ce qu'il pousserait au beau milieu des champs: oui, il pousserait des hommes, une armée d'hommes qui rétabliraient la justice." (Les Editions Le Livre de Poche; Page 204)

Les mineurs décident alors de faire grève et d'organiser des manifestations. Etienne est à l'origine de cette idée. Le jeune homme est un étranger qui a rejoint les mineurs il y a quelques temps. Ainsi, c'est un étranger qui décide de changer les choses car son regard externe a permis de remettre en question les conditions de travail et le mode de vie des mineurs. De plus, Etienne a également été influencé par des lectures proposées par Souvarine qui est d'origine russe. 

En faisant grève, les mineurs ont pris un énorme risque car les droits des travailleurs n'existent pas à l'époque. Malgré le manque de pain et de feu, ils résistent. Cependant, la famine, le froid, et toutes les années de souffrance silencieuse ont poussé les mineurs à agir avec rage et violence. Des passages très violents illustrent cette haine conduisant à des actes monstrueux. Les morts ne sont plus respectés: "Déjà, la Mouquette le déculottait, tirait le pantalon, tandis que la Levaque soulevait les jambes. Et la Brûlé, de ses mains sèches de vieille, écarta les cuisses nues, empoigna cette virilité morte. Elle tenait tout arrachant, dans un effort qui tendait sa maigre échine et faisait craquer ses grands bras." (Les Editions Le Livre de Poche; Pages 410-411)

Germinal reste le livre le plus connu d'Emile Zola car le sujet abordé et les descriptions détaillées marquent les esprits. Et les sentiments que l'on ressent lors de la lecture, haine, tristesse, injustice, pitié, sont durs à oublier.

La Grève, Jules Adler, 1899.

Enfants mineurs