"Le Ventre de Paris" d'Emile Zola
"Le Ventre de Paris" d'Emile Zola
PS: J'ai lu ce roman en format PDF que j'ai trouvé sur le site de la "Bibliothèque électronique du Québec".
Citation favorite (1): Les maisons, tassées, renflées, avançaient leurs auvents comme "des ventres de femmes grosses", [...] penchaient leurs pignons en arrière, s'appuyaient aux épaules les unes des autres. (Bibliothèque électronique du Québec; Page 39)
Citation favorite (2): "Depuis le premier meurtre, ce sont toujours les grosses faims qui ont sucé le sang des petits mangeurs... C'est une continuelle ripaille, du plus faible au plus fort, chacun avalnt son voisin et se trouvant avalé à son tour... Voyez-vous, mon brave, défiez-vous des gras." (Bibliothèque électronique du Québec; Page 438)
Je vous présente aujourd'hui le troisième volume de la série "Les Rougon-Macquart". J'ai trouvé cette lecture très spéciale et différente, car c'est la première fois que je lis un livre qui me donne faim et un volume de la série dont le personnage principal n'est, ni un Rougon, ni un Macquart. En effet, Florent est le demi-frère de Quenu. Ce dernier a épousé Lisa Macquart qui est la soeur de Gervaise, héroïne de L'Assommoir.
Florent est arrêté et emprisonné en Guyane. Il arrive à s'évader et revient à Paris retrouver son demi-frère. Ce dernier est désormais propriétaire d'une boucherie dans Les Halles de Paris qui est un "marché de vente en gros de produits alimentaires frais, situé au coeur de Paris" (Source: Wikipédia). Lisa est une grande travailleuse qui prend très soin de son magasin, à un tel point que sa boucherie est devenue connue des marchands et des clients des Halles pour sa blancheur et sa propreté.
Dès son arrivé chez son frère, Florent n'est apprécié de personne et tout le monde se méfie de lui. Il deviendra ensuite inspecteur et sera encore plus détesté et rejeté par les occupants des Halles.
J'ai trouvé ce livre très passionnant, car il dégage une certaine "popularité" et "chaleur humaine". En effet, les incroyables descriptions de Zola nous facilitent l'imagination de ce marché, où se mêlent les odeurs des différents aliments, les passants qui se bousculent, les vendeurs qui marchandent à haute voix. En lisant ce roman, je ressentais une familiarité qui m'a rappelé les journées où j'allais au souk avec ma mère. J'ai ainsi remarqué que malgré le fait que l'époque et la culture soient différentes, tous les marchés et souks se ressemblent. Malheureusement, les supermarchés d'aujourd'hui ont fait disparaître cette proximité et cet échange que nous avions avec les marchands. Maintenant vous tirez votre cadis et vous passez devant de larges rayons de produits dont les prix sont fixes, et certains de ces produits ne sont même pas frais...
Malgré les innombrables défauts de certains personnages, je me suis facilement attaché à eux. C'est le cas, par exemple, de Mlle Saget. Ah cette bonne Mlle Saget, je la hais et je l'adore! Il s'agit d'une dame âgée qui connait tous les coins des Halles ainsi que tous les secrets de ses habitants et commerçants. Bien sûr, elle fourre son nez dans les histoires qui ne la concernent pas, les dramatise et les exagère à sa manière. Je voudrais partager avec vous un extrait du roman dans lequel Zola décrit avec perfection ce sacré personnage: "elle apprenait [...] les choses inavouables, ce qui descendait des garnis louches, ce qui sortait des loges noires des concierges, les saletés de la médisance, dont elle relevait, comme d'une pointe de piment, ses appétits de curiosité. Puis, devant elle, elle avait [...] les trois pans des maisons percées de leurs fenêtres dans lesquelles elle cherchait à entrer du regard, [...] elle dévisageait les rideaux, reconstruisait un drame sur la simple apparition d'une tête [...] avait fini par savoir l'histoire des locataires de toutes ces maisons, rien qu'à en regarder les façades." (Bibliothèque électronique du Québec; Page 471) Je me suis facilement attaché à ce personnage car j'ai réalisé que presque chaque individu était un petit peu comme Mlle Saget. En effet, il nous arrive souvent de parler des autres, d'aimer entendre les rumeurs et les dernières nouvelles, d'imaginer divers scénarios, d'être curieux et de vouloir savoir plus. J'ai ressenti tout cela pendant ma lecture de Le Ventre de Paris car je sentais que je vivais parmi ces personnages et connaissais presque tout d'eux. Donc, à chaque fois que Mlle Saget parlait de quelqu'un, j'étais très curieuse de voir de quelle manière elle déformera l'histoire et comment les autres personnes réagiraient. Ainsi, je pense qu'à travers le personnage de Mlle Saget Zola a voulu critiquer les personnes qui ne vivent que de commérages, aiment défigurer la vérité, grossir les rumeurs. Et elles font tout cela juste pour montrer aux autres qu'elles ont quelque chose à dire. Je n'arrive toujours pas à comprendre ce genre de comportement. Je pense qu'il n'y a aucun mal à dire: "je ne sais pas" ou "je n'ai pas entendu cette nouvelle" et à reprendre la vérité telle qu'elle est. Lorsque vous créez des histoires, vous salissez l'image de la personne en question, ainsi que de son entourage. Et Florent sera la victime de ce genre de bavardages.
Dans ce roman, Zola aborde également le sujet de la lutte entre "gras" et "maigres". Florent, qui est "maigre", sera soupçonné par plusieurs personnages, dont la plupart sont "gras". Les personnes "maigres" sont vues telles des êtres sournois et malins, dont la maigreur est due à leur personnalité qui leur ronge le corps. La preuve, la plupart des méchants ou personnages ambigus dans les films, livres et séries sont présentés tels des individus maigres, le nez long, la peau sèche. Florent sera décrit de cette même manière, et les gens ne le jugeront que selon ses apparences. Malheureusement, personne ne verra en Florent un homme courageux qui s'oppose au Second Empire, qui est très patient et affectueux envers les enfants, et assoiffé de liberté et de révolution. Ainsi, tous les "gras" souhaiteront qu'il quitte Les Halles et leur voeu sera exaucé.
J'ai vraiment apprécié la manière avec laquelle Zola a abordé ce sujet. Les marchands "gras" vivent dans le confort, le débordement et imposent leur présence et autorité par leur poids. Quant aux "maigres", ces derniers prennent peu de place et sont presque effacés. Il serai intéressant d'ajouter que les "gras" ne sont pas nombreux malgré le fait qu'ils le paraissent. J'ai trouvé cette image saisissante et très intéressante à analyser, car elle peut être interprétée dans différents contextes. Par exemple en économie et politique, il existe le slogan "Nous sommes 99%" qui fait référence aux inégalités qui existent entre l'élite et le reste de la société. Ainsi, 1% représente les "gras" et 99% représente les "maigres". Cet incroyable écart montre donc que malgré le fait que l'élite ne représente qu'une minorité, c'est elle qui dirige le pays et son économie car sa richesse et son pouvoir sont "gras". Les "maigres" sont également vus comme des personnes malades, alors que les "gras" paraissent débordants de vie et de santé. Malheureusement, les gens oublient que la grosseur et l'obésité symbolisent une mauvaise hygiène de vie. Et j'ai vécu ce genre d'expérience. Il y a quelques temps, j'ai commencé un régime et je pratique souvent du sport. Grâce aux bonnes habitudes que j'ai adoptées, j'ai réussi à perdre plusieurs kilos. Une de mes tantes, qui ne m'a pas vue depuis quelques temps, s'est apitoyée et m'a dit que "la grosseur m'allait beaucoup mieux car maintenant que j'ai maigri je parais malade". J'ai été très surprise par cette remarque, et c'est pendant ma lecture que je me suis rappelé de ce souvenir.
Le titre du livre est également très intéressant à analyser. Les Halles se trouvent au centre de Paris et tous les aliment y son vendus. Ainsi, c'est grâce aux Halles que les parisiens se nourrissent. Sans ce "ventre", Paris n'existerait pas. Paris serait morte. La ville vit des cris des marchands, des charrettes qui sont tirées, des viandes et fromages qui sont coupés. Ces mouvements sont tels une digestion qui permet à la ville de continuer d'exister.
J'ai vraiment apprécié cette lecture. Les descriptions de Zola vous emportent dans un univers où tous les sens sont en éveil. Le champ lexical de la nourriture, qui est très dominant, vous mettra l'eau à la bouche tellement les comptoirs décrits paraissent alléchants.
Citation favorite (2): "Depuis le premier meurtre, ce sont toujours les grosses faims qui ont sucé le sang des petits mangeurs... C'est une continuelle ripaille, du plus faible au plus fort, chacun avalnt son voisin et se trouvant avalé à son tour... Voyez-vous, mon brave, défiez-vous des gras." (Bibliothèque électronique du Québec; Page 438)
Je vous présente aujourd'hui le troisième volume de la série "Les Rougon-Macquart". J'ai trouvé cette lecture très spéciale et différente, car c'est la première fois que je lis un livre qui me donne faim et un volume de la série dont le personnage principal n'est, ni un Rougon, ni un Macquart. En effet, Florent est le demi-frère de Quenu. Ce dernier a épousé Lisa Macquart qui est la soeur de Gervaise, héroïne de L'Assommoir.
Florent est arrêté et emprisonné en Guyane. Il arrive à s'évader et revient à Paris retrouver son demi-frère. Ce dernier est désormais propriétaire d'une boucherie dans Les Halles de Paris qui est un "marché de vente en gros de produits alimentaires frais, situé au coeur de Paris" (Source: Wikipédia). Lisa est une grande travailleuse qui prend très soin de son magasin, à un tel point que sa boucherie est devenue connue des marchands et des clients des Halles pour sa blancheur et sa propreté.
Dès son arrivé chez son frère, Florent n'est apprécié de personne et tout le monde se méfie de lui. Il deviendra ensuite inspecteur et sera encore plus détesté et rejeté par les occupants des Halles.
J'ai trouvé ce livre très passionnant, car il dégage une certaine "popularité" et "chaleur humaine". En effet, les incroyables descriptions de Zola nous facilitent l'imagination de ce marché, où se mêlent les odeurs des différents aliments, les passants qui se bousculent, les vendeurs qui marchandent à haute voix. En lisant ce roman, je ressentais une familiarité qui m'a rappelé les journées où j'allais au souk avec ma mère. J'ai ainsi remarqué que malgré le fait que l'époque et la culture soient différentes, tous les marchés et souks se ressemblent. Malheureusement, les supermarchés d'aujourd'hui ont fait disparaître cette proximité et cet échange que nous avions avec les marchands. Maintenant vous tirez votre cadis et vous passez devant de larges rayons de produits dont les prix sont fixes, et certains de ces produits ne sont même pas frais...
Malgré les innombrables défauts de certains personnages, je me suis facilement attaché à eux. C'est le cas, par exemple, de Mlle Saget. Ah cette bonne Mlle Saget, je la hais et je l'adore! Il s'agit d'une dame âgée qui connait tous les coins des Halles ainsi que tous les secrets de ses habitants et commerçants. Bien sûr, elle fourre son nez dans les histoires qui ne la concernent pas, les dramatise et les exagère à sa manière. Je voudrais partager avec vous un extrait du roman dans lequel Zola décrit avec perfection ce sacré personnage: "elle apprenait [...] les choses inavouables, ce qui descendait des garnis louches, ce qui sortait des loges noires des concierges, les saletés de la médisance, dont elle relevait, comme d'une pointe de piment, ses appétits de curiosité. Puis, devant elle, elle avait [...] les trois pans des maisons percées de leurs fenêtres dans lesquelles elle cherchait à entrer du regard, [...] elle dévisageait les rideaux, reconstruisait un drame sur la simple apparition d'une tête [...] avait fini par savoir l'histoire des locataires de toutes ces maisons, rien qu'à en regarder les façades." (Bibliothèque électronique du Québec; Page 471) Je me suis facilement attaché à ce personnage car j'ai réalisé que presque chaque individu était un petit peu comme Mlle Saget. En effet, il nous arrive souvent de parler des autres, d'aimer entendre les rumeurs et les dernières nouvelles, d'imaginer divers scénarios, d'être curieux et de vouloir savoir plus. J'ai ressenti tout cela pendant ma lecture de Le Ventre de Paris car je sentais que je vivais parmi ces personnages et connaissais presque tout d'eux. Donc, à chaque fois que Mlle Saget parlait de quelqu'un, j'étais très curieuse de voir de quelle manière elle déformera l'histoire et comment les autres personnes réagiraient. Ainsi, je pense qu'à travers le personnage de Mlle Saget Zola a voulu critiquer les personnes qui ne vivent que de commérages, aiment défigurer la vérité, grossir les rumeurs. Et elles font tout cela juste pour montrer aux autres qu'elles ont quelque chose à dire. Je n'arrive toujours pas à comprendre ce genre de comportement. Je pense qu'il n'y a aucun mal à dire: "je ne sais pas" ou "je n'ai pas entendu cette nouvelle" et à reprendre la vérité telle qu'elle est. Lorsque vous créez des histoires, vous salissez l'image de la personne en question, ainsi que de son entourage. Et Florent sera la victime de ce genre de bavardages.
Dans ce roman, Zola aborde également le sujet de la lutte entre "gras" et "maigres". Florent, qui est "maigre", sera soupçonné par plusieurs personnages, dont la plupart sont "gras". Les personnes "maigres" sont vues telles des êtres sournois et malins, dont la maigreur est due à leur personnalité qui leur ronge le corps. La preuve, la plupart des méchants ou personnages ambigus dans les films, livres et séries sont présentés tels des individus maigres, le nez long, la peau sèche. Florent sera décrit de cette même manière, et les gens ne le jugeront que selon ses apparences. Malheureusement, personne ne verra en Florent un homme courageux qui s'oppose au Second Empire, qui est très patient et affectueux envers les enfants, et assoiffé de liberté et de révolution. Ainsi, tous les "gras" souhaiteront qu'il quitte Les Halles et leur voeu sera exaucé.
J'ai vraiment apprécié la manière avec laquelle Zola a abordé ce sujet. Les marchands "gras" vivent dans le confort, le débordement et imposent leur présence et autorité par leur poids. Quant aux "maigres", ces derniers prennent peu de place et sont presque effacés. Il serai intéressant d'ajouter que les "gras" ne sont pas nombreux malgré le fait qu'ils le paraissent. J'ai trouvé cette image saisissante et très intéressante à analyser, car elle peut être interprétée dans différents contextes. Par exemple en économie et politique, il existe le slogan "Nous sommes 99%" qui fait référence aux inégalités qui existent entre l'élite et le reste de la société. Ainsi, 1% représente les "gras" et 99% représente les "maigres". Cet incroyable écart montre donc que malgré le fait que l'élite ne représente qu'une minorité, c'est elle qui dirige le pays et son économie car sa richesse et son pouvoir sont "gras". Les "maigres" sont également vus comme des personnes malades, alors que les "gras" paraissent débordants de vie et de santé. Malheureusement, les gens oublient que la grosseur et l'obésité symbolisent une mauvaise hygiène de vie. Et j'ai vécu ce genre d'expérience. Il y a quelques temps, j'ai commencé un régime et je pratique souvent du sport. Grâce aux bonnes habitudes que j'ai adoptées, j'ai réussi à perdre plusieurs kilos. Une de mes tantes, qui ne m'a pas vue depuis quelques temps, s'est apitoyée et m'a dit que "la grosseur m'allait beaucoup mieux car maintenant que j'ai maigri je parais malade". J'ai été très surprise par cette remarque, et c'est pendant ma lecture que je me suis rappelé de ce souvenir.
Le titre du livre est également très intéressant à analyser. Les Halles se trouvent au centre de Paris et tous les aliment y son vendus. Ainsi, c'est grâce aux Halles que les parisiens se nourrissent. Sans ce "ventre", Paris n'existerait pas. Paris serait morte. La ville vit des cris des marchands, des charrettes qui sont tirées, des viandes et fromages qui sont coupés. Ces mouvements sont tels une digestion qui permet à la ville de continuer d'exister.
J'ai vraiment apprécié cette lecture. Les descriptions de Zola vous emportent dans un univers où tous les sens sont en éveil. Le champ lexical de la nourriture, qui est très dominant, vous mettra l'eau à la bouche tellement les comptoirs décrits paraissent alléchants.
Intérieur des Halles centrales. XIXème siècle |
Une boucherie dans Les Halles de Paris, 1898 |
Commentaires
Enregistrer un commentaire