"La Curée" d'Emile Zola

"La Curée" d'Emile Zola




Citation favorite: A mesure qu'elle grandissait, rien ne l'étonnait, elle se rappelait tout, ou plutôt elle savait tout, et elle allait aux choses défendues, avec une sûreté de main, qui la faisait ressembler dans la vie, à  une personne rentrant chez elle après une longue absence, et n'ayant qu'à  allonger le bras, pour se mettre  à l'aise et jouir de sa demeure. (Les Éditions Folio Classique; Page 162) 



Dans ce deuxième volume de la série des Rougon-Macquart, Zola nous plonge dans le quotidien des personnes appartenant à la classe sociale bourgeoise.
Aristide Rougon, devenu Aristide Saccard, souhaite faire fortune à  Paris le plus rapidement possible. Après la mort de sa femme, il accepte d'épouser René, une jeune fille qui souhaite cacher une grossesse non désirée car elle a été violentée quelques temps après sa sortie du couvent. Aristide a consenti à ce mariage car la dot de René est très importante et elle possède également divers terrains que Saccard souhaite fortement exploiter. En effet, ce dernier fera fortune dans le monde de la spéculation et de l'immobilier: Paris subit divers changements et de nouveaux bâtiments sont construits. Ainsi, Aristide s'accaparera petit à petit des biens de René et les revendra à des sommes exorbitantes.
Dans ce livre, nous ne nous intéressons pas uniquement à la fortune d'Aristide Saccard. L'intrigue principale est bien plus ambiguë: René aura une relation incestueuse avec son beau-fils Maxime. Nous retrouvons également dans La Curée divers sujets concernant le thème de la sexualité. Même si ce n'est pas écrit noir sur blanc, nous comprenons que trois personnages sont homosexuels, et Maxime est présenté tel une fille-manquée car ses traits physiques sont très efféminés.
A part quelques passages intéressants, cette lecture a été un petit peu ennuyeuse et je n'ai pas pu m'attacher au personnage de René. Je sais qu'il ne faut pas juger les gens, mais je n'arrivais pas à comprendre pourquoi elle s'ennuyait. Elle avait tout! Malgré cela, elle n'était toujours pas satisfaite. Ce n'est qu'après avoir goûte au fruit défendu que la jeune dame s'est épanouie. C'est à ce moment-là que j'ai compris que René souffrait profondément. Sa vie et son portrait moral me rappellent beaucoup ceux d'Emma Bovary. Les deux étaient au couvent, avaient des maris ennuyeux et sautaient toujours du coq à l'âne, délaissant rapidement toute nouvelle activité qu'elles entamaient. N'oublions pas qu'à travers le personnage d'Emma Bovary, Flaubert critique l'éducation imposée aux jeunes filles qui vivaient dans les couvents. Ces dernières ne sortaient presque jamais, étudiaient le catéchisme, apprenaient à devenir des épouses exemplaires et ne lisaient que des romans à l'eau de rose. Ainsi, ces jeunes filles telles que René et Emma rêvent d' histoires d'amour et d'aventure et espèrent avoir une existence pleine de rebondissements. Malheureusement, elle se retrouvent cloîtrées, mariée à un homme qu'elles ne désirent pas et cherchent donc n'importe quelle issue qui pourrait les tirer de ce quotidien monotone. Malgré le fait qu'elles soient riches, assistent à des bals, portent les plus belles robes, elles ne sont toujours pas satisfaites. Et c'est le cas de René Saccard. Le Tout-Paris la connaît pour son extravagance et sa garde-robe infinie. Pourtant, cette popularité et cette opulence n'intéressent guère la jeune femme. Elle cherche plus. Elle veut plus. C'est ainsi qu'elle franchira la ligne rouge de la morale et de la religion. J'ai également remarqué que les femmes comme René et Emma trouvent le bonheur dans des relations qui sont strictement interdites, telles que l'adultère et l'inceste. Est-ce un symbole de rébellion contre le couvent qui les a trop enfermées? Ou peut-être ces femmes sont romanesques et aiment l'aventure? Dans tous les cas, c'est la première fois que je lis un volume des Rougon-Macquart ou le personnage principal n'est pas membre de l'une des deux familles.
Je me suis également posé des questions concernant le titre du roman, mais je n'arrivais pas à trouver des réponses. Après quelques recherches, j'ai découvert que le terme "curée" désigne "une lutte avide pour s'emparer des biens, des places, des honneurs laissés vacants par la chute d'un homme, d'un règne" (source: Lexis Dictionnaire de la Langue Française). Donc, à travers ce titre, Zola critique et dénonce les moyens qu'utilisaient les gens pour devenir riche à cette époque. En effet, avec l'apparition du Second Empire, la capitale connaît d'importants travaux de rénovation et de nouvelles avenues et rues sont construites. Et, certains hommes ont saisi l'opportunité et ont acheté des terrains afin de les revendre à des prix plus élevés.
Ainsi, dans ce deuxième volume de la saga familiale, l'auteur s'attaque à la classe sociale bourgeoise qui s'arrache les richesses et use de tous les moyens, même les plus malhonnêtes, pour grossir ses gains.



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