"L'Oeuvre" d'Emile Zola
"L'Oeuvre" d'Emile Zola
PS: J'ai lu ce roman en format PDF que j'ai trouvé sur le site de la "Bibliothèque électronique du Québec".
Citation favorite (1): Enfin, il avait trouvé la peinture, il se voyait rentrant dans son atelier comme on retourne chez une femme adorée, le coeur battant à grands coups, désespéré maintenant de cette absence d'un jour, qui lui semblait un abandon sans fin; et il allait droit à sa toile, et en une séance il réalisait son rêve. (Bibliothèque électronique du Québec; Page 176)
Citation favorite (2): "Ah! bonne terre, prends-moi, toi qui es la mère commune, l'unique source de la vie! toi l'éternelle, l'immortelle, où circule l'âme du monde, cette sève épandue jusque dans les pierres, et qui fait des arbres nos grands frères immobiles!... Oui, je veux me perdre en toi, c'est toi que je sens là, sous mes membres, m'étreignant et m'enflammant, c'est toi seule qui seras dans mon oeuvre comme la force première, le moyen et le but, l'arche immense, où toutes les choses s'animent du souffle de tous les êtres!" (Bibliothèque électronique du Québec; Pages 336-337)
L'Oeuvre est le quatorzième volume de la série Les Rougon-Macquart. J'ai pris beaucoup de temps à terminer ce livre (trois semaines environ), mais je n'ai pas du tout stressé en pensant à ma pile à lire qui m'attend. J'adore Zola, et je prends un immense plaisir à lire doucement et tranquillement ses romans. J'ai toujours aimé la façon avec laquelle il décrit les personnages, les lieux, une rencontre, un évènement tragique,etc... Malgré le fait qu'il y ait beaucoup de descriptions dans ses romans, ces dernières ne sont, ni encombrantes, ni ennuyeuses. En effet, les descriptions de Zola sont détaillées et pleines de mouvements et d'actions, donc elles facilitent l'imagination de la scène et font avancer le déroulement des évènements. Et dans L'Oeuvre, j'ai été surprise de découvrir que le talent de l'auteur ne s'arrêtait pas là, et qu'il pouvait décrire des tableaux avec finesse en utilisant des mots techniques spécifiques à ce domaine artistique.
Dans ce roman, l'auteur nous fait découvrir le monde de l'art, et plus précisément celui de la peinture. Claude Lantier est un jeune artiste vivant à Paris, et qui est obsédé par l'envie de devenir un grand peintre. Sa seule ambition est de créer une toile qui épatera les membres du jury et les convaincra de son génie. Malheureusement, seuls ses amis croient en son talent.
Claude aime peindre des femmes nues. Il est obsédé par cette chair dont il essaie de perfectionner les formes arrondies avec son pinceau. Mais à cette époque, la nudité n'est pas acceptée en peinture par les jurys de l'École. Et lorsque Claude exposera sa toile au Salon, cette dernière sera mal accueillie et critiquée. Et je n'oublierai jamais cette scène qui brise le coeur. Toute une foule se trouve en face du tableau de Claude et se moque de sa toile. Et le pauvre artiste écoute ces critiques et ces insultes avec calme et froideur. Mais on sait qu'au fond de lui sa fierté de peintre et tout l'espoir qu'il avait de surprendre le public ont été détruits: "Un petit homme méticuleux […] lisant à voix haute le titre: "Plein Air", ce fut autour de lui une reprise formidable, des cris, des huées. Le mot courait, on le répétait, on le commentait: plein air,oh! plein air, le ventre à l'air, tout en l'air, tra la la lair!" (Bibliothèque électronique du Québec;Page 261) Et ce même tableau, qui est montré ici comme étant une horreur et un immense échec, a été décrit différemment dans des pages précédentes. Zola, en utilisant des mots que seul un critique d'art saurait employer, a présenté le tableau comme étant un petit chef-d'oeuvre: "Cette ébauche, jetée d'un coup, avait une violence superbe, une ardente vie des couleurs. Dans un trou de forêt, aux murs épais de verdure, tombait une ondée de soleil; seule, à gauche, une allée sombre s'enfonçait, avec une tache de lumière très loin. [...] Au fond, deux autres petites femmes, une brune, une blonde, également nues, luttaient en riant, détachaient, parmi les verts des feuilles, deux adorables notes de chair." (Bibliothèque électronique du Québec)
Mais cet échec ne sera pas le dernier, et Claude en collectionnera jusqu'à la fin de sa vie. Et il préfère vivre dans la pauvreté que de peindre des tableaux qui respectent les règles imposées par les jurys de l'École, et qui pourraient être vendus à des prix exorbitants. Et c'est ce trait de caractère qui m'a attachée à Claude. J'admire sa fierté et son courage, car il va continuer à peindre malgré les critiques et les insultes. Mais cet amour pour la peinture se transformera en obsession, et Claude ne pensera qu'à cette oeuvre qu'il souhaite réaliser, d'où le titre du roman. L'oeuvre est donc ce tableau qui hantera Claude chaque jour, et qui le détachera de ses amis et de son épouse petit à petit. Et son obsession s'aggravera lorsqu'il obligera sa femme Christine à poser pour lui pendant des heures et des heures pour qu'il puisse reproduire une partie de son cou ou de son ventre. La malheureuse va alors réaliser que la femme qu'essaie de peindre son mari est une rivale, une maîtresse, qui hante les pensées de Claude.
Je me suis également attachée au personnage de Sandoz, qui est auteur et ami d'enfance de Claude. Je n'arrivais pas à expliquer pourquoi j'aimais ce personnage autant. Et au cours de ma lecture, je suis arrivée à un passage où Sandoz annonce qu'il rêve d'écrire une série de livres sur une famille, dont il étudiera chaque membre dans un volume. Et c'est ce que Zola avait fait!!! Sa série Les Rougon-Macquart est une étude des membres d'une famille qui vit pendant la période du Second Empire. Et chaque livre traite d'un personnage dont on suit l'évolution jusqu'à la fin de sa vie: "Je vais prendre une famille, et j'en étudierai les membres, un à un. [...] D'autre part, je mettrai mes bonshommes dans une période historique déterminée. [...] Une série de bouquins, quinze, vingt bouquins, des épisodes qui se tiendront, tout en ayant chacun son cadre à part." (Bibliothèque électronique du Québec;Page 336) Puis, je me suis rappelée que j'avais lu sur un site (je cherchais un résumé du livre) que "jamais Zola n'avait mis autant de lui" dans un roman. Et peut-être il en a mis encore plus lorsqu'il a décidé de créer le personnage de Sandoz. Et ce dernier EST Emile Zola. Lorsque Sandoz parle, ce sont les pensées et les idées de l'auteur qui sont prononcées à haute voix. Grâce à ce personnage, je me suis sentie très proche de l'auteur et je l'aimais encore plus, parce que j'arrivais à mieux le connaître, et à découvrir ses pensées les plus profondes et ses angoisses d'auteur.
Et bien sûr, la fin du roman a été un immense choc pour moi. Je savais ce qui allait arriver à Claude, et je sentais qu'il se comportait de façon assez étrange dans les 100 dernières pages. Mais je ne m'attendait pas à ce que la fin soit aussi brusque et rapide. Et cela m'a beaucoup attristée, car la nouvelle peinture qu'avait commencée Claude n'a pas été achevée. Et on sentait que c'était cette oeuvre-là qui allait refléter le génie et le talent de Claude. Malheureusement, ce dernier n'est qu'un peintre maudit qui n'a connu que des échecs. Personne n'arrivait à comprendre ses tableaux: "-Mais son mal n'était pas en lui seulement, il a été la victime d'une époque... Oui, notre génération a trempé jusqu'au ventre dans le romantisme, et nous en sommes restés imprégnés quand même, et nous avons eu beau nous débarbouiller, prendre des bains de réalité violente, la tache s'entête, toutes les lessives du monde n'en ôteront pas l'odeur." (Bibliothèque électronique du Québec; Page 762)
Peut-être faudra-il attendre des années et des années plus tard, pour que le talent de Claude soit reconnu. Et cela est arrivé aux poètes maudits comme Charles Baudelaire. Ils l'ont critiqué et rejeté, et ce n'est qu'après sa mort que l'on a découvert qu'il était "trop moderne pour son temps".
Mais cet échec ne sera pas le dernier, et Claude en collectionnera jusqu'à la fin de sa vie. Et il préfère vivre dans la pauvreté que de peindre des tableaux qui respectent les règles imposées par les jurys de l'École, et qui pourraient être vendus à des prix exorbitants. Et c'est ce trait de caractère qui m'a attachée à Claude. J'admire sa fierté et son courage, car il va continuer à peindre malgré les critiques et les insultes. Mais cet amour pour la peinture se transformera en obsession, et Claude ne pensera qu'à cette oeuvre qu'il souhaite réaliser, d'où le titre du roman. L'oeuvre est donc ce tableau qui hantera Claude chaque jour, et qui le détachera de ses amis et de son épouse petit à petit. Et son obsession s'aggravera lorsqu'il obligera sa femme Christine à poser pour lui pendant des heures et des heures pour qu'il puisse reproduire une partie de son cou ou de son ventre. La malheureuse va alors réaliser que la femme qu'essaie de peindre son mari est une rivale, une maîtresse, qui hante les pensées de Claude.
Je me suis également attachée au personnage de Sandoz, qui est auteur et ami d'enfance de Claude. Je n'arrivais pas à expliquer pourquoi j'aimais ce personnage autant. Et au cours de ma lecture, je suis arrivée à un passage où Sandoz annonce qu'il rêve d'écrire une série de livres sur une famille, dont il étudiera chaque membre dans un volume. Et c'est ce que Zola avait fait!!! Sa série Les Rougon-Macquart est une étude des membres d'une famille qui vit pendant la période du Second Empire. Et chaque livre traite d'un personnage dont on suit l'évolution jusqu'à la fin de sa vie: "Je vais prendre une famille, et j'en étudierai les membres, un à un. [...] D'autre part, je mettrai mes bonshommes dans une période historique déterminée. [...] Une série de bouquins, quinze, vingt bouquins, des épisodes qui se tiendront, tout en ayant chacun son cadre à part." (Bibliothèque électronique du Québec;Page 336) Puis, je me suis rappelée que j'avais lu sur un site (je cherchais un résumé du livre) que "jamais Zola n'avait mis autant de lui" dans un roman. Et peut-être il en a mis encore plus lorsqu'il a décidé de créer le personnage de Sandoz. Et ce dernier EST Emile Zola. Lorsque Sandoz parle, ce sont les pensées et les idées de l'auteur qui sont prononcées à haute voix. Grâce à ce personnage, je me suis sentie très proche de l'auteur et je l'aimais encore plus, parce que j'arrivais à mieux le connaître, et à découvrir ses pensées les plus profondes et ses angoisses d'auteur.
Et bien sûr, la fin du roman a été un immense choc pour moi. Je savais ce qui allait arriver à Claude, et je sentais qu'il se comportait de façon assez étrange dans les 100 dernières pages. Mais je ne m'attendait pas à ce que la fin soit aussi brusque et rapide. Et cela m'a beaucoup attristée, car la nouvelle peinture qu'avait commencée Claude n'a pas été achevée. Et on sentait que c'était cette oeuvre-là qui allait refléter le génie et le talent de Claude. Malheureusement, ce dernier n'est qu'un peintre maudit qui n'a connu que des échecs. Personne n'arrivait à comprendre ses tableaux: "-Mais son mal n'était pas en lui seulement, il a été la victime d'une époque... Oui, notre génération a trempé jusqu'au ventre dans le romantisme, et nous en sommes restés imprégnés quand même, et nous avons eu beau nous débarbouiller, prendre des bains de réalité violente, la tache s'entête, toutes les lessives du monde n'en ôteront pas l'odeur." (Bibliothèque électronique du Québec; Page 762)
Peut-être faudra-il attendre des années et des années plus tard, pour que le talent de Claude soit reconnu. Et cela est arrivé aux poètes maudits comme Charles Baudelaire. Ils l'ont critiqué et rejeté, et ce n'est qu'après sa mort que l'on a découvert qu'il était "trop moderne pour son temps".
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