"Ça " de Stephen King
"Ça " de Stephen King
Citation favorite (1): On peut vivre avec la peur, aurait dit Stan, s'il l'avait pu. Peut-être pas toujours, mais en tout cas longtemps, très longtemps. Mais c'est ce scandale offensant avec lequel on ne peut vivre, parce qu'il ouvre une brèche dans votre rationalité; si l'on se penche dessus, on s'aperçoit qu'il existe là au fond des créatures vivantes dont les yeux jaunes ne cillent jamais, qu'il en monte une puanteur innommable et on finit par se dire que c'est tout un univers qui se tapit au coeur de ces ténèbres, avec une lune carrée dans le ciel, des étoiles au rire glacial, des triangles à quatre cotés, sinon cinq, voire encore cinq à la puissance cinq. Tout conduit à tout, aurait-il dit, s'il l'avait pu. (Les Editions Le Livre de Poche; Tome 1; Page 540)
Citation favorite (2): La télé s'alluma d'elle-même. Elle se tourna vivement et vit sur l'écran un clown en costume argenté avec de gros boutons orange. Il avait deux orbites creuses et noires à la place des yeux et quand ses lèvres maquillées s'étirèrent sur un sourire qui s'agrandissait indéfiniment, elles découvrirent des dents comme des rasoirs. Il tenait à la main une tête coupée, dégoulinante de sang; on ne lui voyait que le blanc des yeux et la bouche pendait, béante, mais elle reconnut immédiatement Freddie Firestone. Le clown se mit à rire et a danser. Il balançait la tête dans tous les sens, et des gouttes de sang vinrent s'écraser sur la partie interne de l'écran de télévision. Elle les entendit grésiller. (Les Editions Le Livre de Poche; Tome 2; Page 441)
Pour moi, deux adjectifs suffisent pour décrire ce chef-d'oeuvre de l'épouvante: perturbant et fascinant. Ma lecture était très lente, et j'ai fini les deux tomes en un mois, voire plus. Je blâmais mes pannes de lecture sur la chaleur insupportable et ma paresse, mais c'était juste des excuses. "Ça" était tellement intense et effrayant que j'avais besoin de m'arrêter à plusieurs reprises et reprendre mon souffle. A chaque fois que j'arrivais à une scène perturbante, je fermais mon livre. Je prenais alors deux jours "de repos", le temps que mon cerveau ordonne et assimile cette succession d'évènements horrifiques. Etant passionnée par les thèmes de l'horreur et de l'épouvante, ce livre a été un grand coup de coeur.
Dans ce livre, on suit les aventures (ou plutôt les mésaventures) d'un groupe de sept enfants qui habitent à Derry, dans le Maine. Et ils ont décidé de nommer leur groupe le "Club des Ratés", car ils se font intimider à l'école et chacun d'eux a "un défaut": Bill bégaie, Eddie est asthmatique et de santé fragile, Ben est obèse, Stan est juif, Mike est noir, Bev vit dans le quartier pauvre de la ville et est constamment battue par son père, Richie est un hyper-actif qui s'attire toujours des ennuis avec ses blagues et imitations. Le "Club des Ratés" va alors se réunir afin de combattre "ça", une entité, cachée dans les égouts de la ville, qui se transforme en clown tueur et dévore des enfants, dont un était le petit frère de Bill. Vingt-sept ans plus tard, un appel de l'un des "Ratés" va faire revenir ses amis à Derry, car "ça" a repris sa tuerie, et ils doivent l'éliminer à tout jamais.
Au début, je pensais que l'histoire se résumait simplement à un clown tueur qui revient chaque vingt-sept ans pour assassiner des enfants. Mais en progressant dans ma lecture, j'ai remarqué que c'est toute la ville qui est infestée. Je sentais ces ondes négatives qui enveloppent Derry, et qui émergent des égouts ou "ça" se tapit.
La façon avec laquelle "ça" attire les enfants est si fascinante, que même un adulte serait tombé dans les mailles du filet. Le clown tient toujours des ballons et porte un costume dont les couleurs sont vives et attrayantes. Il est très amical et appelle toujours sa victime par son prénom. Mais le plus surprenant, c'est qu'il utilise l'odorat pour faire croire aux enfants qu'il se trouve dans un cirque ou dans une fête foraine, alors qu'il est caché dans les égouts ou derrière un buisson: "Il tendit de nouveau la main, et de nouveau la retira. "Comment t'es descendu là-dedans? -La tempête nous a balayés, moi et tout le cirque, répondit Grippe-Sou. Ne sens-tu pas l'odeur de cirque, Georgie?" Georgie se pencha. Ça sentait les cacahuètes, les cacahuètes grillées! Et le vinaigre, ce vinaigre blanc que l'on verse sur les frites d'une bouteille avec un petit trou! Ça sentait aussi la barbe à papa et les beignets frits [...] Et cependant, en dessous, flottaient les senteurs de l'inondation, des feuilles en décomposition et de tout ce qui grouillait dans l'ombre de l'égout. Odeur d'humidité et de pourriture." (Tome 1; Page 25)
"Scène des égouts" Mini-Série de 1990 |
Et ces ondes négatives affectent les habitants de Derry. Les adultes agissent de façon étrange, et certains enfants sont suspects. C'est le cas d'Henry Bowers et Patrick Hockstetter. Ces deux jeunes garçons intimident toujours les membres du "Club des Ratés", et ne ratent aucune occasion pour les blesser et les insulter. Cependant, Henry Bowers ne se comporte pas comme n'importe quel autre "petit garcon méchant". Il est rongé par le Mal, obsédé par la violence, à un tel point qu'un jour il a cassé le bras d'Eddie et a essayé de tuer Ben et Bev avec un couteau. Ses descriptions physique et psychologique m'écoeuraient tellement que j'avais envie de me débarasser du livre en le jetant contre un mur. Comment un jeune garçon peut-il être aussi cruel et inhumain? Et puis il y a Patrick Hockstetter... Je ne sais même pas par où commencer avec celui-là. J'ai toujours été fascinée par la criminologie et les tueurs en série, c'est pour cela que je lis beaucoup de polars et de thrillers. Mais à aucun moment je ne suis tombée sur un livre ou le narrateur explique comment un jeune garçon devient psychopathe. Dans "Ça", il y a tout un passage ou on découvre de façon detaillée et crue le fonctionnement psychique de Patrick. C'est un garçon vide de tout sentiment, dont la seule excitation et joie de vivre se résume à tuer des animaux et des insectes: "Personne ne se doutait à quel point Patrick Hockstetter était réellement cinglé. [...] Il ignorait totalement ce qu'était faire mal tout comme ce qu'était avoir mal [...] Patrick tuait également d'autres insectes, coléoptères et autres, mais de préférance après les avoir capturés vivants. Il [...] empalait [...] un scarabée et, assis jambes croisées sur le sol, suivait son agonie. Son expression, dans ces moments-là, était celle d'un garçon qui lit un ouvrage passionnant." (Tome 2; Pages 215 et 221). Je n'ai jamais autant été perturbée et dérangée par un personnage. Je me sentais mal à l'aise en lisant ce passage, et comprenait à quelle point la ville de Derry était infestée, que même les enfants deviennent des monstres.
J'ai adoré ce roman et ne cessais d'y penser, même lorsque j'arrêtais ma lecture pour quelques jours. Et c'est ce qui me plait dans les livres d'épouvante: on essaie de détourner notre regard, mais le suspense et la fascination pour le fantastique et le paranormal nous poussent à continuer.
Stephen King "It" by Stephen King |
Favorite quote (1): "His fear was already gone; it had slipped away from him as easily as a nightmare slips away from a man who awakes, cold-skinned and gasping, from its grip; who feels his body and stares at his surroundings to make sure that none of it ever happened and who then begins at once to forget it. Half is gone by the time his feet hit the floor; three quarters of it by the time he emerges grom the shower and begins to towel off; all of it by the time he finishes his breakfast. All gone... until the next time, when in the grip of the nightmare, all fears will be remembered." (Page 20)
Favorite quote (2): "He looked up and saw Pennywise the Clown standing at the top of the lefthand staircase, looking down at him. His face was white with greasepaint. His mouth bled lipstick in a killer's grin. There were empty sockets where his eyes should have been. He held a bunch of balloons in one hand and a book in the other." (Page 539)
Hello there little bookworms~
For me, two adjectives are enough to descrive this horror masterpiece: disturbing and fascinating. My reading was very slow, and I finished the books (there are two volumes in the frech edition) in a month, or more. I blamed my reading slump on the hot weather and my laziness, but it was just excuses. "It" was son intense and frightening that I needed to stop many times and catch my breath. Everytime I arrived to a disturbing scene, I closed my book. I had to take a two or three days "break", so that my brain would organize and assimilate all the horrifying events. Being a big fan of the horror genre, this was LOVE AT FIRST SIGHT.
In this book, we follow the adventures (or more like misadventures) of a group of seven kids who live in Derry, in the Maine. And they decided to call their group the "Losers' Club" because they get bullied at school and each one of them has "a flaw": Bill stutters, Eddie has asthma and a poor health, Ben is obese, Stan is jewish, Mike is black, Bev lives in a poor neighborhood and is always beaten by her father, and Richie is a hyper-active who always gets in trouble with his jokes and impersonations. The "Losers' Club" will then reunite in order to fight "it", an entity hidden in the city's sewers which transforms itself into a killer clown and devour children, and one of them was Bill's little brother. Twenty seven years later, a call from one of the "Losers" will make his friends come back to Derry, because "it" started killing again, and they must eliminate him forever.
In the beginning, I thought the story was only about a killer clown which comes back every twenty seven years to murder children. But while progressing in my reading, I noticed that the whole city was infested. I felt those negative waves that were enfolding Derry and emerging from the sewers where "it" is hidden.
And the way "it" attracts the children is fascinating, that even an adult could fall in the trap. The clown is always holding balloons and is wearing a costume with bright colors. He is very friendly and always calls his victim by her name. And the most surprising thing, is thar "it" uses the smell to make the children believe that he is located in a circus or a fairground, while he is in the sewers or behind some bushes: "He reached forward again... and drew his hand back again. "How did you get there?" "Storm jusr bleeeew me away." Pennywise the Dancing Clown said. "It blew the whole circus away. Can you smell the circus, Georgie?" George leaned forward. Suddenly he could smell peanuts! Hot roasted peanuts! And vinegar! The white kind you put on your french fries through a hole in the cap! He could smell cotton candy and frying doughboys. [...] And yet under it all was the smell of flood and decomposing leaves and dark stormdrain shadows." (Page 25-26)
Even at the typographical level, I felt that "it" imposed his presence more and more, and appeared more real. In the beginning, the term "it" designated something abstract whose the person undergoes the action: "it kept bleeding; it was filthy." And suddenly, "it" becomes "It", and the capital letter changes everything in the meaning of the sentences. Not only does the person undergoes the action, but the action is realized by something which thinks and is real: "It's voice; It woud have killed me; It had been unprepared." We then understand that this entity acts consciously, and is not only an imaginary monster. And there is nothing more frightening that seeing the creatures of our nightmare come alive and materialize, right?
And these negative waves affect the townsfolk. Adults act strangely, and some kids are suspected. It's Henry Bowers and Patrick Hockstetter's case. These two boys bully the members of the "Losers' Club", and don't miss an opportunity to hurt and insult them. However, Henry Bowers doesn't act like any "little mean kid". He is eaten away by evilness, obsessed by violence to such an extent that he broke Eddie's arm and tried to kill Ben and Bev with a knife. His physical and psychological descriptions disgusted me, that all I wanted to do is get rid off of the book by throwing it against a wall. How can a young boy be this cruel and inhumane? And then there is Patrick Hockstetter... I don't even know where to start with this one. I've always been fascinated by criminology and serial killers, that's why I read a lot of thrillers. But at no time I've come across a book where the narrator explains how a young boy becomes a psychopath. In "It", there is whole paragraph where we discover with details and with raw the psychic functioning of Patrick. He's empty of all feeling, and the only thing which excites him is killing insects and animals. I've never been this disturbed by a character. I felt uncomfortable while reading Patrick's paragraph, and understood how much the city of Derry was infested, that even the kids become monsters.
I adored this book and couldn't stop thinking about it, even when I stopped reading it for a few days. And this is what I like in horror novels: we try to look away from the book, but suspense and fascination for the fantasy and the paranormal make us continue reading.
See you~
"Pennywise the Dancing Clown" from the Mini-Serie of 1990 |
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